Dix questions pour un vrai pacte d’entreprise

Par Antoine Lemarchand Président de Nature & Découvertes, Vice-Président d’Entreprise et Progrès

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Dix questions pour un vrai pacte d’entreprise

Par Antoine Lemarchand

 

EMPLOI – Le rapport Combrexelle propose une petite révolution pour assouplir le droit du travail en France. Alors que celui-ci est aujourd’hui presque entièrement régi par la loi et s’applique partout, l’ancien directeur du travail propose une « inversion de la hiérarchie des normes »: l’accord sur le temps de travail pourrait intervenir au niveau des branches, voire au niveau des entreprises, pour leur permettre d’adapter l’offre de travail à la conjoncture économique, aux carnets de commande et aux nouvelles formes de travail. Cette subsidiarité – laisser la décision à l’échelon le plus pertinent – sera encadrée : dans la réforme attendue, tout accord devra respecter un socle de « garanties essentielles » de l' »ordre public social », concernant le contrat de travail, le smic et la durée légale.

Si cette réforme indispensable voit le jour, elle constituera un progrès pour l’économie française et elle placera nos entreprises et nos salariés devant leurs responsabilités. Qu’inclure dans l’accord d’entreprise ? Attention à ne pas viser trop bas. Dans une économie où les relations au travail n’ont plus rien à voir avec celles qui prévalaient il y a cinquante ans, s’en remettre à une simple mécanique juridico-administrative quantifiant la production individuelle et le temps passé, cela reviendrait à ignorer ce que sont aujourd’hui les aspirations et les contraintes de la personne au travail au sein d’une entreprise qui doit être soudée et agile face à une concurrence féroce.

Pour changer le travail, employeurs et salariés doivent élever le débat et définir, avant même de signer les accords d’entreprise, les principes essentiels de confiance et de responsabilité qui fondent leur relation. Dans ce but, les dirigeants d’Entreprise et Progrès ont mis au point dix questions pour évaluer la qualité et la durabilité des relations de travail au sein de l’entreprise.

Cinq questions pour le dirigeant

  • Quel est le contrat social et moral de mon entreprise ? Les salariés et les associations de citoyens ont-ils les moyens de me prévenir en cas de dérive?
  • Mon entreprise cherche-t-elle à rendre mes salariés employables et autonomes tout au long de leur vie ?
  • Existe-t-il une ambiance de confiance, d’empathie et d’autonomie dans mon entreprise ? La rémunération de nos cadres ou dirigeants en dépend-t-elle ?
  • Existe-t-il une différence entre salariés et sous-traitants ? Le salarié est-il un sous-traitant ? Vis-à-vis de nos sous-traitants, jusqu’où va notre responsabilité ?
  • Est ce que j’organise le temps de mes managers pour qu’ils puissent penser le long terme de l’entreprise ?

Cinq questions pour le salarié

  • Est-ce que je comprends l’utilité de mon travail, ses effets et la responsabilité économique, sociale et environnementale que j’endosse, est-ce que j’accepte ma part de responsabilité dans les échecs de mon entreprise ?
  • Est-ce que je participe sans réserve à la mission de mon entreprise? Est-ce que j’aspire à quelque chose de grand avec elle ?
  • Ai-je confiance dans mon manager et dans mon dirigeant ? Et eux, peuvent-ils avoir confiance en moi ? Ai-je la confiance de mes collègues ?
  • Suis-je d’accord pour que mon travail soit évalué régulièrement par mes pairs et mes managers ? Est-ce que j’accepte les remarques sans les considérer comme des attaques personnelles ?
  • Ai-je la volonté de faire une place au long terme dans mon travail quotidien de court terme ?

Affichons ces dix questions bien en vue dans chacune de nos entreprises. Que chacun y réponde. Elles seront l’embryon d’une charte de la personne au travail. D’un pacte qui liera les parties prenantes. L’accord d’entreprise ne sera plus alors qu’une formalité.

En savoir plus :

http://www.huffingtonpost.fr/antoine-lemarchand/pacte-dentreprise-emploi_b_8189060.html