Et si les plateformes inventaient le dialogue social de demain ?

Par Yanis Kiansky ( PDG et co-fondateur d’Allocab) et Jacques Kheliff (membre du comité exécutif d’Entreprise et Progrès)

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Et si les plateformes inventaient

le dialogue social de demain ?

 Par Yanis Kiansky ( PDG et co-fondateur d’Allocab) et Jacques Kheliff (membre du comité exécutif d’Entreprise et Progrès)

 

L’entreprise de demain ne sera plus une forteresse pyramidale aux frontières solides, aux contrats fixes, à la hiérarchie fournie et au dialogue social codifié. L’entreprise de demain sera un réseau très horizontal aux bornes mouvantes, employant quelques  salariés et entouré de cercles concentriques de fournisseurs indépendants.

Cette configuration est la plus efficace pour satisfaire les besoins des générations qui se croisent et pour prospérer dans l’économie mondialisée, la concurrence acharnée et l’information instantanée. Mais dans ces entreprises là, plongées dans cette économie là, que va devenir le dialogue social ? Certains prophètes lui prédisent le sort des ruines en expliquant que la multiplication des contrats courts, l’essor du télétravail, l’érosion des rapports hiérarchiques et la dématérialisation des tâches vont individualiser inexorablement les comportements des salariés.

Nous pensons au contraire que le dialogue est la condition de l’avenir, la voie vers la performance dans une entreprise rassemblant salariés, directs ou indirects, permanents ou ponctuels, et sous-traitants, réguliers ou occasionnels. Tous ces acteurs ne convergeront vers des enjeux communs que si existe entre eux un dialogue respectueux, intelligent et équilibré.

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le comportement de certaines plateformes, et en particulier certaines plateformes de VTC. Alors que la loi ne les oblige à presque rien, les plus progressistes d’entre elles comprennent que dans la nouvelle compétition, la pérennité viendra moins de la prouesse technologique que de l’innovation sociale, c’est-à-dire de la qualité de la relation entre l’entreprise et les freelances – parfois des dizaines de milliers – qui travaillent avec elles. Voilà sans doute la plus belle des revanches pour le dialogue social : là où il n’existe pas, des dirigeants responsables ressentent le besoin de l’inventer.

Ces derniers ne veulent plus de la confrontation ritualisée entre des managers honorant à reculons une contrainte purement juridique et des syndicats réfugiés dans des postures aussi tribunitiennes que conservatrices. C’est peu de dire que ce système est à bout de souffle. Souhaitons que les avancées récentes, en particulier la fusion des différentes instances représentatives du personnel (IRP) et l’affirmation (insuffisante malheureusement) de l’entreprise comme principal terrain de la négociation,  favorisent enfin ce dialogue réel et efficient. Car c’est dans l’entreprise que s’expriment les réalités économiques et humaines concrètes.

Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement une ambiance apaisée, c’est la capacité de l’entreprise à réagir vite et juste aux aléas économiques. Car s’adapter ne suffira pas. L’entreprise doit pouvoir anticiper. Cela suppose une flexibilité, inconcevable sans (et encore moins contre) les salariés. Leur compréhension des changements  à conduire est irremplaçable, leur implication dynamique sera décisive.

Le dialogue social doit être réinventé et étendu à toutes les parties prenantes de la performance de l’entreprise, afin d’améliorer ou de construire des garanties pour les contributeurs. A l’ère des plateformes, la nouvelle donne de l’emploi, certes plus fragmentée, n’abolit nullement le besoin de socialisation et de protection.  C’est par une démarche collective de type essai/erreur où les maladresses sont analysées, corrigées et assumées ensemble que se feront les apprentissages sociaux instaurateurs d’une confiance réciproque.

Certaines entreprises ont déjà progressé dans cette voie au travers de leur politique de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Ces démarches, lorsqu’elles sont intégrées aux processus de l’entreprise, dégagent de vastes espaces de dialogue sur des sujets concrets et stratégiques : façon de consommer, de produire, de décider, de se comporter. Ces attitudes sous-tendent la mission de l’entreprise et façonnent son identité, c’est-à-dire sa capacité à attirer les talents, à générer du bien être au travail, à façonner un produit performant, bref à créer de la valeur. Le socle de cette spirale vertueuse, c’est le dialogue. Sous l’impulsion du dirigeant, dans une optique stratégique, avec une approche partagée, il devient le sens même de l’entreprise.

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