Le leadership créateur de valeur

Le but du livre est d’apporter une réponse au problème lancinant de l’échec des pédagogies du leadership. Le livre propose, en bref, de développer la conscience que nous avons chacun de notre culture intime du pouvoir et de l’autorité, riche et unique. Une telle conscience affinée, enrichie peut être libératrice et nous conduire à un multi leadership personnel souple et efficace.

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Le leadership créateur de valeur

par Jean-Luc Obin

 

Jean Luc Obin est membre d’Entreprise et Progrès et Président de Leaderinnov

Le leadership est en crise grave à tous les niveaux. Comme on ne peut résoudre les problèmes avec les modes de penser qui les ont provoqués, le livre, qui s’inspire de ma thèse de doctorat, propose trois renouvellements conceptuels et en déduit des propositions opérationnelles nouvelles.

Au niveau personnel, les formations au leadership sont généralement jugées peu efficaces. Il faut donc changer de concept et, pour cela remonter aux fondamentaux. Le livre analyse le leadership comme l’instinct du pouvoir canalisé par l’éthique, la culture, le sens du collectif, les théories…. La première partie entraine chacun à mieux connaitre son instinct du pouvoir et ses divers encadrements ou modulations en renouant avec ses racines (personnelles et familiales). Le but n’est pas de copier un leadership modèle, ni des principes de leadership tout faits, mais de trouver en chacun de nous les éléments d’une palette originale de leaderships, entre lesquels on puisse choisir plus librement selon les circonstances. Cette première partie propose un travail nouveau, que les coachs peuvent, bien sur, accompagner ou susciter.

Pour l’entreprise, la crise impose des décisions difficiles, qui vont contredire les efforts pour mettre du sens, du dialogue et de la bienveillance sur le pouvoir dans les organisations. Pour progresser, le livre propose une double innovation conceptuelle.

En recherchant comment nous pensons l’entreprise, il apparait que chacun perçoit différemment la même entreprise et qu’il faudrait d’abord en faire converger les représentations parmi les salariés. Comment ? Non pas par de « grandes messes » ou des codes de conduite. Mais par un travail collectif de longue durée sur le leadership réel, à inventer pas à pas.

Seconde innovation : l’idée est de faire du leadership non plus un moyen d’application de la stratégie, mais un élément de la stratégie. Les meilleures entreprises pensent le leadership en amont et non en aval. On admet généralement que les produits vendus sont autant des services que des produits. On peut aller plus loin : les produits et les services reflètent les ambitions du leadership qui a encadré leur conception et leur réalisation.

Un travail collectif sur le leadership est suggéré, depuis le conseil d’administration jusqu’aux équipes, avec une série d’outils. Une approche plus structurante et plus dynamisante du leadership peut offrir une base stable et solide à tous les salariés, même en télétravail, et permettre le maximum de souplesse dans l’action.

La troisième innovation conceptuelle concerne l’Etat et le leadership public. Les Etats occidentaux se trouvent dans une situation nouvelle : affaiblissement de leurs compétences relatives (et peut-être même absolues) par rapport aux grandes entreprises, risque d’absence de majorité parlementaire, surendettement public, crise de l’Etat-providence, montée du populisme, bouleversement des rapports entre grandes puissances…

L’innovation conceptuelle est plus difficile à expliquer et j’ai essayé en quatre étapes :

a) Nous ne savons plus comment penser l’Etat. Chacun mélange des schémas intellectuels peu compatibles entre eux et les baigne de beaucoup d’affectivité et d’intérêts.

b) Il faut donc proposer une autre lecture des Etats : comme le produit de la culture des élites de chaque pays. Et notamment du conflit entre la classe politique et les hauts fonctionnaires. Ce conflit dure depuis longtemps car avant les classes politiques élues, c’étaient les grandes noblesses…

c) Chaque Etat est structuré pour réguler ce conflit majeur. Mais, au 21e siècle, face aux changements rapides, cette organisation étatique est moins efficace : elle bride la création de valeur publique.

d) Pour avancer, il faut faire évoluer les relations entre politiciens et hauts fonctionnaires. Il est ainsi nécessaire de limiter le rôle des jeux de pouvoir des uns et des autres et, pour cela, de développer la place d’un leadership public, inspiré de ce qui se vit dans les grandes entreprises. Le livre présente maints exemples d’évolution souhaitable, allant des territoires à l’Union européenne.

Par exemple, le concept de décentralisation, typique des relations de pouvoirs entre classe politique et haute fonction publique, date du 20e siècle et semble dépassé avec le numérique et les exemples d’organisations des très grandes entreprises, bien plus efficaces.

Ce livre est l’un des rares à relever la convergence croissante des leaderships privé et public, sous l’effet notamment de l’impact du numérique et des attentes des usagers, qui sont les mêmes à l’égard des entreprises et des administrations : bénéficier d’abord d’un service efficace ! Mais l’Etat est organisé, structuré par un ensemble de systèmes anti-leadership, qui sont de plus en plus contraires à l’efficacité.

Il est temps de réinventer la pensée et la gestion de l’Etat, sous forme d’un leadership public. Le livre avance des propositions modestes, réalistes, à effet de levier potentiellement puissant, applicables sans grandes vagues. Le potentiel de gains en efficacité est considérable. Les Etats doivent créer davantage de valeur publique au service de la création de valeur privée.

Conclusion : notre civilisation du leadership — Presque partout, dans les entreprises comme dans l’Etat, la création de valeur est bridée, faute d’un vrai travail sur le leadership. Pourtant, soixante-dix ans de recherches sur le leadership (académiques ou dans les armées ou dans les grandes entreprises) nous ouvrent des possibilités magnifiques de vivre le pouvoir autrement, de manière bien plus créative et créatrice de valeur. Travailler partout le leadership, avec de nouvelles méthodes, n’est plus une option, car c’est devenu le premier outil de création de valeur. Saurons-nous développer la civilisation du leadership dans laquelle nous sommes entrés ? Et créer une culture européenne du leadership ?

« Le leadership créateur de valeur » par Jean-Luc OBIN (septembre 2020), Diffusion Leaderinnov SAS par Amazon (19,90 €)   www.leaderinnov.fr