« Le mécénat a besoin d’une refondation »

Tribune de Marion Darrieutort | Coprésidente du club de réflexion Entreprise et Progrès et de François Debiesse | Président d’Admical

  • Actualités
  • E&P dans les médias

« Le mécénat a besoin d’une refondation »

TRIBUNE

Marion Darrieutort | Coprésidente du club de réflexion Entreprise et Progrès
François Debiesse | Président d’Admical

La chef d’entreprise Marion Darrieutort et l’ancien banquier François Debiesse expliquent dans une tribune au « Monde » que pour conforter son avenir, le mécénat doit se rapprocher des objectifs de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) tels qu’ils sont définis dans la loi Pacte. Faut-il en finir avec le mécénat ? Le portail Admical posait récemment la question en forme de boutadesérieuse à l’occasion d’un colloque au Collège de France. Pourquoi envisager une telle extrémité alors que le mécénat se porte bien ? Entre 2010 et 2018, ses recettes ont bondi. Les entreprises contributrices étaient au nombre de 28 000, elles sont désormais 92 000. Le don correspondant est passé de 945 millions à 2 milliards d’euros. De quoi faire mentir ceux qui jurent que la France est, en la matière, définitivement incapable de rattraper son retard sur les pays anglo-saxons. Et pourtant, l’heure est grave. A elles seules, 78 grandes entreprises donnent 400 millions d’euros et le gouvernement, au nom de la lutte contre les « abus » et de la « pérennité du système », prévoit de revoir à la baisse (de 60 % à 40 %) le taux de défiscalisation pour les dons supérieurs à 2 millions d’euros. Des milliers d’associations, qui dépendent très largement du mécénat, en particulier les associations culturelles et toutes celles qui font un travail admirable au service de grandes causes de santé, s’inquiètent pour leur survie. Une frange entière de la société est fragilisée.Qu’elles se rassurent. Le mécénat ne va pas mourir. Les associations « loi Coluche » d’aide aux plus démunis ne vont pas se voir brutalement privées de subventions. Leurs mécènes conserveront la même facilité fiscale. Ensuite, il existe un gigantesque réservoir non utilisé de contributeurs potentiels. Environ neuf entreprisesfrançaises sur dix, surtout parmi les ETI (entreprises de taille intermédiaire) et les PME (petites et moyennes entreprises), ne pratiquent aucune forme de mécénat, non par défiance, mais tout simplement parce que cette pratique, essentielle à la société, n’a pas su s’adapter à leurs besoins spécifiques. Pilier de la stratégie pour l’entreprise du bien communMais prenons du recul et tentons de sortir par le haut de cette crise du mécénat. Une guérilla fiscale nemènera à rien. Ce dont a besoin le mécénat, c’est d’une refondation. L’entreprise a entamé la sienne. Uneère s’achève, celle du « pas de côté », quand l’entreprise, encouragée par l’Etat, prélevait une partie de sonprofit et le dirigeait vers des causes sociétales. C’étaient les premiers pas de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), une démarche philanthropique consistant à compenser les impacts négatifs de l’entreprise sur son environnement en redistribuant de la valeur à la communauté. Tribune de

Marion Darrieutort | Coprésidente du club de réflexion Entreprise et Progrès
François Debiesse | Président d’Admical