Coronavirus : comment les patrons activent leurs réseaux d’entraide

Groupes WhatsApp, visioconférences, réseaux sociaux… avec le confinement qui a stoppé net les réunions des réseaux de dirigeants, une multitude d’initiatives essaiment de patrons pour recréer du lien. Les réseaux officiels, CJD, APM, EDC, réinventent aussi les moyens de sortir les dirigeants de leur isolement.

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Groupes WhatsApp, visioconférences, réseaux sociaux… avec le confinement qui a stoppé net les réunions des réseaux de dirigeants, une multitude d’initiatives essaiment de patrons pour recréer du lien. Les réseaux officiels, CJD, APM, EDC, réinventent aussi les moyens de sortir les dirigeants de leur isolement.

Par Marion KindermansLea DelpontPublié le 8 avr. 2020 à 8h46

Finies les discussions informelles autour d’un bon repas, les conseils business partagés à l’occasion d’un atelier, les cartes de visite que l’on s’échange en écoutant un expert… le confinement pour se protéger du Covid-19 a eu raison des réseaux physiques de dirigeants .

Mais avec cette crise inédite, échapper à la solitude et l’isolement paraît plus que nécessaire . « Le maître mot a tout de suite été la solidarité entre chefs d’entreprise, entre ceux en difficulté car en baisse ou arrêt d’activité et ceux qui ont un surcroît de travail, il faut à tout prix éviter la tentation du repli sur soi-même », clame Pierre Minodier, entrepreneur et président du Centre des jeunes dirigeants (CJD), qui regroupe 5.000 adhérents.

Certains patrons se sont organisés spontanément. Plusieurs entreprises du numérique, qui se connaissaient via la Maison des entrepreneurs à Paris, une plateforme qui regroupe une centaine de patrons et investisseurs de la tech, ont remplacé depuis mi-mars leurs réunions bimestrielles rue de la Pompe, dans le 16e arrondissement, par un groupe WhatsApp. « Le groupe s’est monté d’abord dans l’urgence pour décrypter les mesures du gouvernement, en mobilisant nos réseaux d’avocats pour suivre avec précision les décrets et les ordonnances », raconte Guillaume Leboucher, fondateur et dirigeant d’OpenValue , spécialiste de la donnée et de l’intelligence artificielle (90 salariés). L’initiative rallie rapidement Laurent Letourmy (Ysance) et Eric Tournier (Mindplugg). Ils sont aujourd’hui une vingtaine à se serrer les coudes.

Des réunions « pizza team » à huit

L’axe prioritaire : échanger sur les « bonnes pratiques » pour faire aboutir son dossier de demande de chômage partiel pour les Direccte ou pour affiner son dossier auprès des banques pour les reports de remboursements ou le prêt de trésorerie. Mais ce n’est pas tout. Il a fallu réinjecter « du lien » dans une entreprise devenue virtuelle et s’échanger les bonnes astuces : les « web cafés » qui réunissent les salariés le matin via Teams ou Zoom, les groupes WhatsApp thématiques, des « pizza team » (car une pizza ne peut se partager qu’à huit !) l’après-midi. « Aujourd’hui, nous abordons la préparation à la sortie de crise, comment garder contact avec ses partenaires, évaluer quels seront les clients solides ou pas, trouver de nouveaux marchés, rester visibles sur les réseaux sociaux », continue Guillaume Leboucher.

De leur côté, les réseaux officiels – APM, CJD, réseaux locaux, etc. – ne restent pas inactifs. Eux aussi réinventent la façon de réseauter entre pairs. Le CJD a lancé des boîtes à outils avec les textes principaux, des mémos de veille pour suivre les avancées du gouvernement et des fiches pratiques. Un guide « Urgence collective : Se réunir à distance » a été publié en ligne. Des « Live Facebook » (sur les mesures du gouvernement, la santé au travail, le télétravail, le management à distance, le recrutement…) sont organisés depuis le 20 mars tous les mardis et jeudi à 8 h 30. Des pastilles vidéos de 2-3 minutes permettent d’en picorer l’essentiel. « Un questionnaire d’une vingtaine de questions a été envoyé cette fin de semaine par mails à nos adhérents sur leur situation, nous le ferons de manière hebdomadaire », ajoute aussi la porte-parole du CJD, Virginie Hoarau.

Témoignages

Le mouvement des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC) , qui réunit 3.200 patrons, a mis en place un numéro de téléphone « pour écouter, soutenir voire accompagner nos membres dont les entreprises pourraient être en difficulté », et un groupe WhatsApp rassemble les présidents de région. Et de son côté, l’association Entreprises et Progrès qui réunit une centaine d’entreprises (L’Oréal, Les Petits Chaperons Rouges, Natures & Découvertes, Ferrero, Deloitte…) met en ligne des vidéos témoignages de chefs d’entreprise pendant la crise, avec des visioconférences par groupe de vingt adhérents.