Post crise Covid 19, quelle place pour le lieu de travail et le management à l’ère de l’entreprise hybride ?

La Covid-19 accélère une mutation qui avait déjà commencé dans le monde du travail : celle de la dématérialisation de l’entreprise. De plus en plus, le travail se fait à distance avec le télétravail, les bureaux deviennent flex, tout comme les horaires, les sièges sociaux évoluent. Le digital permet de favoriser des modes de travail […]

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La Covid-19 accélère une mutation qui avait déjà commencé dans le monde du travail : celle de la dématérialisation de l’entreprise. De plus en plus, le travail se fait à distance avec le télétravail, les bureaux deviennent flex, tout comme les horaires, les sièges sociaux évoluent. Le digital permet de favoriser des modes de travail nouveaux, plus agiles mais aussi plus difficiles à encadrer. 

Pour des raisons sanitaires, mais aussi écologiques et sociétales, cette tendance pourrait encore s’élargir, voire se généraliser dans certains secteurs. Mais alors, qu’impliquent ces nouvelles façons de travailler et de vivre l’entreprise ? Comment manager des équipes “hors les murs” ? Comment les engager ? Comment allier autonomie, agilité et flexibilité avec sécurité, cohésion et équilibre avec la vie privée ? Quel rôle pour les bureaux, les sièges sociaux ? À quoi ressembleront-ils demain dans ce monde flexible ? Et enfin comment faire cette transition vers cette entreprise dématérialisée ?

Pour débattre de ces questions, retour sur le bootcamp organisé en juillet 2021 par Entreprise et Progrès et animé par Jean-François Puget (avocat associé de Cornet Vincent Segurel), avec François Dupuy (sociologue et professeur au CEDEP), François Loviton (Managing Director de Google), Marc de Boislaville (Dirigeant de Clientela), Isabelle Savier-Pluyette (avocate associée chez Cornet Vincent Segurel), Ulysse Dorioz (ex-Directeur de la transformation de la région Ile-de-France), et Victor Carreau (cofondateur et CEO de Comet Meetings).

Quel management pour l’entreprise hybride ?

Avec la crise de la Covid-19, toutes les entreprises, sans distinction de secteur ou de taille, ont vu leur organisation bousculée de manière brutale. Télétravail démocratisé, flex-office, horaires décalés… Ces tendances constituent aujourd’hui des habitudes plus ou moins ancrées dans la vie des collaborateurs qui ont pour beaucoup pris goût à ces nouvelles formes de travail. 

Le développement de ces pratiques a provoqué une décentralisation des processus de décision et un gain d’autonomie pour les collaborateurs. Face à cela, les managers n’ont d’autre choix que de s’exonérer des exigences bureaucratiques qui n’ont plus leur place dans le contexte d’entreprise dématérialisée. 

Le management de demain impliquera une lourde phase d’expérimentation dans la mesure où l’entreprise de demain ne ressemblera ni à celle d’avant la crise, ni à celle des confinements. Dans cette entreprise hybride, le manager voit son spectre de missions s’élargir et revêt la casquette d’animateur. Au-delà de la supervision, il est désormais chargé de gérer une communauté, de développer et fortifier les liens entre collaborateurs, de recréer des conditions propices à l’émulation collective et au bien-être des équipes. Rien de tel, pour cela, que l’encadrement de proximité.

Pour mener au mieux cet encadrement, le manager pourra compter sur un outil indispensable : la technologie. Celle-ci permet de rester en contact avec les équipes et de maintenir le travail à distance. En bref, elle permet de réaliser le basculement vers l’entreprise hybride et s’avère donc indispensable. Cependant, son utilisation est à double tranchant. La technologie peut également être à l’origine d’un phénomène d’exclusion dans la mesure où les collaborateurs n’ont pas tous le même accès aux outils. 

Les principaux enjeux du management de demain reposeront donc sur la capacité à réinjecter de l’informel dans les relations à distance ainsi qu’à construire une vraie relation de confiance. Néanmoins, la problématique du management à l’ère de l’entreprise hybride ne se posera pas partout de la même façon, en fonction du type d’organisation, de ses activités. Les entreprises n’évolueront donc pas toutes dans le même sens. Et les dirigeants, managers et collaborateurs devront faire preuve de beaucoup d’adaptabilité. 

Quels bureaux pour l’entreprise hybride ?

L’entreprise hybride, à mi-chemin entre le modèle du télétravail et celui du présentiel, permettra d’attirer et fidéliser les talents car il s’avère moins clivant. Les organisations doivent dès aujourd’hui se positionner sur ce modèle. Mais quels bureaux envisager dans ce cadre ? Avant de penser leur organisation, il faut se poser la question de ce que l’on va y faire, de ce qui constituera le travail de demain. Par exemple, s’agira-t-il de bureaux destinés aux réunions ou au travail en autonomie ? Doivent-ils être rétrécis ? Doivent-ils comporter plus d’espaces de loisirs ?

Ces nouveaux espaces, s’ils devront dans tous les cas être créés et pensés au cas par cas, devront globalement constituer un lieu de destination agréable afin de donner envie aux collaborateurs de s’y réunir. Il peut par exemple s’agir de l’organisation de déjeuners à thème et autres animations permettant de favoriser les échanges informels et la création de liens entre des collaborateurs qui ne se voient pour certains que rarement dans le cadre de ce modèle. 

L’entreprise hybride : mode d’emploi

La présence du siège social, même dans le cadre d’une entreprise ne disposant pas de bureaux, est juridiquement indispensable. Dans le droit français, toute organisation doit disposer d’une adresse physique. L’existence d’un siège social ne peut donc totalement être remise en cause. L’entreprise peut cependant choisir de libérer et louer une partie de ses locaux dans la mesure où ses équipes sont en télétravail et n’occupent que peu les bureaux.

De la même façon, d’autres obligations liées au modèle de travail hybride peuvent peser sur l’entreprise même s’il n’existe pour l’instant pas encore d’encadrement rigide du télétravail.

L’entreprise peut choisir la façon dont elle accompagne ses collaborateurs dans la mise en place du télétravail, qu’il soit généralisé ou non. Dans tous les cas, la formation semble constituer un passage obligé pour les anciens comme pour les nouveaux salariés, mais également pour les managers.

L’enjeu pour les organisations est donc aujourd’hui d’embrasser pleinement l’hybridation. L’entreprise doit apprendre à être tout à la fois : ancrée dans son territoire, présente pour ses collaborateurs, mais aussi dématérialisée, flexible. Et cela implique une révolution profonde. Le management doit changer : il faut redéfinir et renforcer l’encadrement de proximité, former les managers à cette nouvelle donne du travail semi-distanciel / semi-présentiel. Confiance, dialogue, écoute semblent donc être les piliers de ces transformations.