Maximiser l’impact territorial des entreprises en actes

Avec la mondialisation, le système économique a peu à peu cassé et transcendé les structures établies des territoires. L’entreprise du XXème siècle était une entreprise transnationale, opérant partout dans le monde dans une fluidité spatiale permanente. Mais depuis quelques années, la tendance s’inverse. Face aux excès du système mondialisé, c’est le local qui semble faire […]

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Avec la mondialisation, le système économique a peu à peu cassé et transcendé les structures établies des territoires. L’entreprise du XXème siècle était une entreprise transnationale, opérant partout dans le monde dans une fluidité spatiale permanente.

Mais depuis quelques années, la tendance s’inverse. Face aux excès du système mondialisé, c’est le local qui semble faire son grand retour. Largement poussés par la crise de la Covid-19, tous les acteurs veulent désormais se recentrer sur leur territoire. Dans une période marquée par les transformations et les transitions violentes, de la crise sanitaire à la crise sociale en passant par les perturbations économiques, le retour à la proximité offre un cadre, des repères, une certaine sécurité.

Mais pourquoi l’entreprise devrait-elle se soucier de son impact territorial ? Comment peut-elle mettre en place une stratégie d’impact territorial positif ? De quelles façons assurer le dialogue avec les parties prenantes à proximité et co-construire le plan d’action ? Comment prendre en compte les attentes locales ? Peut-on mesurer son impact territorial ? Comment élaborer et suivre des indicateurs pertinents de cet impact ?

Jean-Paul Berthomé, PDG d’Expanscience, et Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine, nous ont donné des pistes d’actions et de réflexion lors du 6e et dernier atelier du chantier Impact d’Entreprise & Progrès le 5 octobre 2021.

Le chantier “L’impact en actes, pour maximiser l’impact positif de son entreprise et passer de l’intention à l’action” est présidé par Sylvie Borias, CSR et Corporate Communication Director du Groupe Bel et vice-présidente d’Entreprise et Progrès, Vincent Perrotin, Directeur RSE et Secrétaire du Comité des parties prenantes de la FDJ, avec le soutien de Christine Durroux, senior partner chez Kea & Partners et vice-présidente d’Entreprise et Progrès, en partenariat avec le Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D).

Comment définir l’impact territorial d’une entreprise, et quelle place pour la dimension sociale et environnementale ?

L’impact territorial est l’interaction entre une entreprise et son territoire. Si l’impact local est économique, il est aussi social et environnemental. Au sein d’une entreprise, intégrer les attentes des parties prenantes est essentiel pour que cet impact soit perçu comme positif.

C’est donc intrinsèquement lié à l’introspection sur la raison d’être : l’entreprise naît d’un territoire et garde donc une responsabilité sur ce territoire, en même temps qu’elle a besoin de lui. De plus, la racine territoriale peut forger un avantage comparatif (le made in france est un exemple assez parlant).

Cependant l’influence de l’entreprise n’est pas limitée à l’ancrage physique mais à son écosystème, sa sphère d’influence, donc son impact démultiplié. Dans le cas d’une entreprise française avec un ancrage territorial fort, mais implantée à l’international, il est important d’avoir un certain nombre d’actions localisées : par exemple des partenariats locaux qui permettent de comprendre différents acteurs et parties prenantes. Si par exemple dans un pays où la réglementation est plus laxiste en terme de développement durable, il faudra trouver un partenaire local qui va pouvoir pallier cet enjeu. Cela accompagne la stratégie RSE et apporte une meilleure compréhension de la cible, et c’est un facteur de motivation pour les collaborateurs par ailleurs.

Communément, entreprises comme collectivités peuvent faire corps sur les avantages comparatifs des territoires. Le marketing territorial entre donc en jeu, via l’inventaire des atouts des entreprises et des territoires et leur rayonnement.

Le désenclavement des territoires est aussi un enjeu, ils doivent rester connectés à un écosystème. Il ne faut en effet pas oublier qu’un territoire est un lieu de vie et un élément de la qualité de vie des citoyens. Travailler là où on veut vivre devient un objectif, notamment avec la révolution numérique.

Quelle conséquence de la crise de la covid sur l’évolution de l’ancrage territorial ?

La crise a amplifié le lien au territoire, a révélé et accéléré la recherche de la qualité de vie. Mais elle a surtout révélé notre modèle économique de concentration et de masse critique. Cependant le modèle technologique et numérique, en système de distribution et de réseau, est de plus en plus présent. Les entreprises doivent donc être attentives à ce nouveau mode de distribution, où la notion de centralité a muté.

Le télétravail a donné la possibilité de réarticuler le lieu où on souhaite vivre. Par corollaire cela revisite les politiques territoriales, avec boom des villes moyennes observable depuis la crise.

La notion de travail hybride implique une latitude pour les entreprises, même si cette crise ne remet pas en cause tout un ancrage de production. Le mode de consommation a en     réalité influencé le développement des ventes sur internet, le click and collect… qui ont amené  d’autres problématiques de pollution, de coût logistique liés à ce type de commerce.

Comment développer son ancrage territorial et l’évaluer ?

La première étape est de connaître ses parties prenantes (associations, municipalité, consommateurs, etc). C’est effectuer un maillage, connaître ses interlocuteurs, répondre à leurs attentes, y compris ceux avec lesquels on est en désaccord. L’impact impliquant le moyen et le long terme, cela nécessite des dirigeants engagés, constants, possédant une vision dans la durée et une volonté de transparence. C’est essentiel pour exposer les problématiques clairement, et partager les projets avec la municipalité, et expliquer ses enjeux. Un ancrage doit donc se faire en intégrant la confiance de la part des deux parties, tout en gardant en tête qu’un territoire n’est pas juste un lien avec la municipalité mais avec de multiples acteurs locaux !

Naturellement, avec une politique et des engagements RSE,  plusieurs éléments de mesure en découlent. Que cela soit des questionnaires ou des outils d’évaluation pour calculer l’empreinte écologique (bilan GES, mesure des déchets, etc) ou économique (mesure des achats directs ou indirects,  comprendre les emplois directs ou indirects créés…).