Hubert Joly : « Le rôle du dirigeant n’est pas d’être un thermomètre mais un thermostat »

Avec son programme « Entreprise et Progrès entre en résistance », notre think tank a lancé un cycle de quatre rencontres pour défendre une conviction claire : l’entreprise doit refuser le recul, s’adapter aux fractures de notre époque et rester fidèle à ses engagements pour bâtir une prospérité durable.

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Dans un contexte où certains remettent en cause ces engagements, il s’agit d’affirmer que l’entreprise peut et doit conjuguer performance économique et bien commun.

La première rencontre a donné la parole à Hubert Joly, ancien PDG de Best Buy, qui a partagé une vision du leadership profondément humaniste avec nos membres.

Résister, c’est maintenir l’humain au cœur de l’entreprise

Pour Hubert Joly, résister ne signifie pas se battre contre des ennemis, mais rester fidèle à des valeurs fondamentales. « L’entreprise est une organisation humaine faite d’individus qui travaillent ensemble au service d’un projet », rappelle-t-il. À la tête de Best Buy, il a choisi d’écouter avant d’agir : sa première semaine fut passée dans un magasin, avec un badge “CEO in training”. Trois questions simples guidaient son approche : qu’est-ce qui marche ? qu’est-ce qui ne marche pas ? de quoi avez-vous besoin ?

Plutôt que des fermetures massives, il a parié sur la confiance et l’intelligence collective.

L’équation humain + performance

Pour ce visionnaire, l’opposition entre performance et humanité est un faux débat. « L’idéal, c’est d’être à la fois très humain et très performant. » L’exemple de Microsoft avec Satya Nadella illustre cette conviction : un management empathique a permis de passer de 300 milliards à 3 000 milliards de dollars de capitalisation.

À ses yeux, le dirigeant n’est pas un gestionnaire froid mais un créateur d’énergie. « Le CEO, c’est le Chief Energizing Officer. » Son rôle est d’écouter, de co-construire et de mobiliser les énergies au service du projet commun.

Le thermostat, pas le thermomètre

Les crises traversées par Best Buy (chute du cours de bourse, cyberattaques, Covid…) lui ont confirmé l’importance de rester fidèle à des valeurs et à des principes. « Le rôle du dirigeant n’est pas d’être un thermomètre mais un thermostat », affirme-t-il. Autrement dit, pas de se contenter de mesurer, mais d’influencer la température du système.

Cette posture implique un leadership adaptatif : directif en période de crise, facilitateur en phase de croissance.

La raison d’être comme moteur

Chez Best Buy, la raison d’être, « enrichir la vie des gens grâce à la technologie », n’est pas née d’un slogan marketing mais a trouvé sa source dans un dîner où les membres du comité de direction ont partagé le sens qu’ils voulaient donner à leur vie. « La raison d’être n’est pas un slogan, c’est le fruit d’un dialogue authentique et vécu qui s’est étendu à l’ensemble de l’organisation. »

Une première rencontre qui donne le ton

Cette rencontre a ouvert un cycle qui entend rappeler aux dirigeants qu’il est possible, et nécessaire, d’articuler performance et responsabilité. Hubert Joly en a apporté la démonstration par son expérience et ses convictions.

Le programme « Entreprise et Progrès entre en résistance » est piloté par notre trésorier Raphaël Lerner, et deux de nos vice-présidents : Sylvie Borias et Vincent Perrotin.

Prochain rendez-vous : le 3 octobre, consacré à la transition écologique, avec Cécile Béliot (DG de BEL) et François Clément-Grandcourt (DG BIC Briquets) deuxième étape de ce programme « Entreprise et Progrès entre en résistance ».