«Nouveau capitalisme cherche leaders activistes». La tribune d’Entreprise et progrès

Par Marion Darrieutort (Elan Edelman) et Antoine Lemarchand (Nature et découvertes) qui sont coprésidents de l’association d’entrepreneurs et de dirigeants Entreprise et progrès.

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Le 18 août, les dirigeants de la Business roundtable, représentant les plus grandes entreprises américaines, ont signé un engagement solennel envers leurs parties prenantes. Une semaine plus tard, en marge du G7 de Biarritz, 34 dirigeants de multinationales ont annoncé la création de Business for inclusive growth (B4IG), une promesse de changer leur modèle de croissance. Le même jour, 30 grands groupes de textile ont signé le Fashion pact, pour réduire leur empreinte sur l’environnement. En France, le président du Medef rappelle que les entreprises sont dépositaires d’une partie du bien commun au même titre que les syndicats ou les ONG.

Le capitalisme bouge. Il n’a pas le choix. Sa performance globale patine car il néglige le bien commun, c’est-à-dire l’ensemble des ressources économiques, écologiques et sociales que nous devons partager pour vivre durablement ensemble. En 2019, le seul capitalisme possible est un capitalisme inclusif de tout ce bien commun.

L’entreprise, collectif de vies et d’actions, levier d’efficacité et de progrès, a un rôle crucial à jouer dans la construction de la société de demain. Elle n’est plus un acteur technique à la périphérie. Elle est un moteur, au centre de la transformation du monde. L’enjeu, pour elle, n’est plus de limiter son impact mais de se réinventer et d’innover pour, par sa présence même, améliorer le bien commun. Quand une entreprise rejette dans une rivière une eau plus pure que celle qu’elle y a puisée, elle fait exactement cela. C’est la définition du progrès que nous voulons !

Les consommateurs, les talents et les investisseurs l’ont bien compris. La création de valeur à long terme pour toutes les parties prenantes doit devenir la norme, la définition même de l’entreprise. Les attentes du grand public vis-à-vis de l’entreprise sont immenses et croissantes. Elles peuvent parfois sembler démesurées tant elles répondent, en creux, à l’affaissement des grandes institutions traditionnelles. Reste que, pour l’entreprise, décevoir cette attente serait se mettre en grand danger vis-à-vis de ses clients et de ses salariés. 

Rareté. Notre monde n’a plus rien à voir avec celui des années 1970. A l’époque, placer les intérêts des actionnaires au-dessus de ceux des employés, de l’environnement ou des communautés pouvait sembler opportun puisque le capital financier était rare. La finance est désormais abondante alors que le capital humain, le capital naturel et le capital social sont en situation de pénurie. La rareté a changé de camp. Nous devons changer notre grille de lecture et notre mode d’action.

 

Pour répondre au défi, il ne suffit plus de broder sur la responsabilité. En 2007, juste avant la grande crise, la banque Lehman Brothers se décrivait dans son rapport annuel comme une entreprise citoyenne globale soucieuse de l’environnement… Fini les promesses, place aux preuves.

Comment piloter l’entreprise vers sa nouvelle posture ? Par l’activisme. Le leader activiste veut promouvoir un modèle européen d’entreprise innovant, audacieux, ouvert et collaboratif. Il apporte des preuves par des actions fortes, récurrentes et transparentes. Il se fixe des objectifs suivis, ambitieux et transformatifs. Il sait qu’il doit se changer lui-même pour transformer son entreprise. Il sera le garant du nouveau capitalisme « de nous tous, pour nous tous, par nous tous ».

Marion Darrieutort (Elan Edelman) et Antoine Lemarchand (Nature et découvertes) sont coprésidents de l’association d’entrepreneurs et de dirigeants Entreprise et progrès.