Michel Hervé

Fondateur du groupe Hervé

Michel Hervé, Président directeur général du Groupe Hervé, Michel Hervé a été Député des Deux-Sèvres, Maire de Parthenay, Député européen et vice-Président d’Entreprise et Progrès.

Il nous a présenté son ouvrage « une nouvelle ère : sortir de la culture du chef », (François Bourin Editeur, 2015)

Pour Michel Hervé, deux révolutions technologiques ont changé la face du monde : l’émergence de l’écriture il y a 5000 ans et l’émergence d’internet.

Aujourd’hui, le monde de l’internet est en train de changer notre rapport au monde. La Terre devient « un village monde » estime Michel Hervé.

Pour comprendre cette révolution en cours, il nous faut donc étudier le passé et notamment les tribus du paléolithique et du néolithique

  1. Le concept du « chef » à travers l’histoire.

Dans les sociétés du paléolithique et du néolithique, l’Homme estimait que la terre constituait le centre du monde. Cette centralité s’est ressentie au sein même des tribus ou le pouvoir était centralisé par l’institutionnalisation du chef, du chaman.

A partir de la révolution française, nous avons pensé que les monarques élus de Dieu – les rois – n’étaient pas à la hauteur des problèmes, d’autant plus que la science prenant le pas sur la religion, la monarchie a pris fin.

Pour autant, la notion de monarque n’a pas disparu aujourd’hui. Michel Hervé l’explique. « Je m’en suis rendu compte quand je suis devenu maire. En tant que chef d’entreprise, vous devez argumenter vos décisions car vous avez des contre-pouvoirs. En tant que maire, c’est-à-dire quand vous êtes élu du peuple, personne ne conteste votre autorité jusqu’à la prochaine élection ».

Ainsi donc, depuis ces 5000 ans d’histoire, nous évoluons et vivons toujours dans des situations monarchiques. Du fait de l’émergence de nouveaux paradigmes de réflexion sur le monde qui nous entoure, peut-être devons-nous faire évoluer la notion de chef ?

 

2. Le rapport à l’environnement

  • L’Harmonie avec la nature

Dans ces mêmes sociétés tribales, le rapport à l’environnement était extrêmement important pour ces populations. Ces populations vivaient dans la frugalité puisque au sein de ces sociétés il ne fallait pas dépasser le seuil au-delà duquel l’écosystème (ex : les plantes) les environnant ne « se reconstituait pas » à l’identique.

Actuellement, avance Michel Hervé, « je crois que nous (re)commençons à prendre conscience de l’environnement qui nous entoure ».

  • L’Harmonie avec les autres

Le groupe fait la force. L’individu seul ne survit pas dans ces tribus, la recherche de l’harmonie sociale est donc primordiale.

Pour faire un parallèle avec le monde entrepreneuriale, l’entreprise idéale est la mini-société qui ne comprend pas plus de 20 personnes car dans ces mini-sociétés : « il faut qu’il y ait conflit tous les jours pour ne divorcer jamais » ; le dialogue est permanent.

En effet, « je fais l’apologie du conflit pour que les gens se respectent ».

La recherche du « sens au travail », de « convivialité » est actuellement profondément discutée.

 

  • L’Harmonie avec soi-même, avec son histoire, avec le futur.

Aujourd’hui, les jeunes sont dans l’immédiateté, ils ne savent pas ce qu’ils souhaitent faire dans le futur et ne se demandant si ce qu’ils feront alors sera cohérent avec leur histoire. Il n’y a pas de ligne rouge qui leur donne une harmonie entre leur passé, leur présent et leur futur.

Pour autant, cette recherche de l’intériorité réapparait fortement.

 

Aujourd’hui, nous rentrons dans cette nouvelle ère, laquelle est caractérisée par une prise de conscience de l’environnement, une prise de conscience de l’autre et une certaine prise de conscience de soi-même. Nous revenons aux bases des sociétés tribales d’antan.

 

3. Le passage d’une société binaire à une société ambivalente.

En effet, avec la révolution de l’internet, nous passons d’un monde binaire – c’est blanc ou c’est noir – à un monde ambivalent ou un microbe en petite quantité est un vaccin alors qu’en grande quantité, ce microbe est mortel.

Au sein de l’entreprise notamment, nous prenons conscience de la dimension systémique du monde. Nous nous en sommes rendu compte en 2008, via la crise des surprimes dans le secteur bancaire, car cela s’est ressenti de diverses manières de part toute la planète.

Dans le prolongement de cette notion, au sein des entreprises, l’argument d’autorité ne tiens plus puisque chacun à conscience du caractère systémique d’une décision, notamment vis-à-vis de soi, des autres et du monde extérieur. La conséquence philosophique est la prise de décision qui devient concertée. La somme de nos intelligences est inférieure à l’intelligence globale que nous pouvons avoir.

Le rôle du manager devient un rôle d’élément catalyseur et donc joue un rôle de médiateur sur la forme. À ce moment-là, la capacité d’action du groupe est beaucoup plus forte puisque chacun a pris la décision. Pour revenir, à l’idéal des mini-sociétés à 20 personnes nous explique Michel Hervé, « dans mon entreprise, il y a 2 800 personnes dispatchées entre 180 petites entreprises. Chaque petite entreprise développe prend une décision qui rejoindra la stratégie commune du groupe».

Pour conclure, pour Michel Hervé, dans le monde globalisé actuelle, puisque le  concept de rareté de la ressource matérielle n’a plus lieu d’être, la clé de cette révolution se situe dans l’innovation, c’est-à-dire dans la créativité.

Les acteurs de cette créativité : la jeunesse, Internet et l’importance accrue apportée à la dimension écologique de toute politique.