Et si on faisait progresser le progrès ?
Le progrès doit se bâtir en réunissant des gens formidables mais qui ne se parlent pas ou plus : les écologistes et les économistes, les ONG et les entrepreneurs, les politiques et les citoyens. En somme, le combat de notre association qui fête ses 50 ans : Entreprise et Progrès ! Découvrez la tribune des co-présidents de l’association.
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Alors qu’un milliard d’individus est sorti de l’extrême pauvreté depuis 1990, on apprend de la dernière étude d’Oxfam qu’il a fallu 8 mois aux 1000 personnes les plus riches du monde, pour reconstituer leur fortune d’avant crise. Pour les moins aisés, il leur faudra au moins dix ans. Dans une étude récente des Nations Unies sur le climat cette fois-ci, on comprend que les perspectives pour arriver à 1,5°C de réchauffement supplémentaire à la fin du siècle s’éloignent au fur et à mesure de nos productions en hausse d’énergies fossiles (2% en moyenne chaque année alors qu’il faudrait les baisser de 6%). Pourtant, nous n’avons jamais autant investi dans les technologies pour la transition énergétique (500 milliards de dollars en 2020 dans le monde).
Ces éléments déconcertants ont de quoi susciter de vraies interrogations sur le sens du progrès. Après avoir été vecteur d’émancipation au cours des siècles passés, le progrès auquel nous aspirons se doit de favoriser une harmonie sociale et une régénération de notre environnement. C’est un progrès limitant les inégalités de chances, utile et technologique car, pour reprendre les mots du philosophe Gaspard Koenig, « les problèmes posés par le progrès doivent pouvoir se résoudre par davantage de progrès ».
Nous, acteurs de la vie économique, pensons que les entreprises sont un formidable vecteur de ce progrès attendu. Elles ont cette capacité de résilience et de transformation rapide. Pour beaucoup, elles ont des moyens financiers importants pour investir dans les technologies au service des capacités de l’individu (éducation, santé, énergies propres, alimentation saine, etc…). Surtout, elles sont constituées d’hommes et de femmes parmi leurs équipes, leurs clients, leurs fournisseurs et mêmes leurs actionnaires qui ne désirent que donner une raison d’être puissante à leur entreprise pour bâtir un projet enthousiasmant.
Nous sommes convaincus que cette mutation du rôle des entreprises au service d’un progrès souhaitable ne peut se faire qu’à deux conditions :
- Une gestion harmonieuse des parties prenantes de l’entreprise par un renforcement de la gouvernance des entreprises. Notre étude récente « 10 indices pour une Raison d’Être transformative » montre une corrélation étroite entre les entreprises du SBF 120 qui réussissent à rendre leur raison d’être transformative et une gouvernance orientée par des critères très factuels comme la mixité, la représentativité du personnel aux conseils ou la part de rémunération variable du Comex liée aux critères ESG. Entre autres.
- Revoir totalement les rendements attendus sur les investissements liés à ce progrès souhaitable. Plusieurs études démontrent que jusqu’en 2017, les secteurs plébiscités par les fonds de venture capital étaient principalement liés au divertissement, aux services financiers, à la mode ou aux livraisons de repas. Pas assez en tous cas pour des investissements nécessaires à l’énergie propre, la mobilité ou aux nouvelles solutions de santé puisque peu de visibilité sur leur rendement souvent ramené à 4 ans maximum ! Mais 4 ans, est-ce assez pour préparer le nouveau monde ?
Ainsi, bien que nos entreprises souffrent de la crise actuelle, nous gardons notre enthousiasme car nous nous savons dans un moment de mutation qui peut aboutir sur un progrès vraiment désirable. Nous avons besoin pour cela de croissance mais de celle qui est durable à tous points de vue et dont les deux constituants sont la science et la sobriété de tous nos comportements. Enfin et par-dessus tout, nous comptons sur l’intelligence des hommes, des femmes pour sans relâche rechercher la concorde, la synthèse. Le progrès doit se bâtir en réunissant des gens formidables mais qui ne se parlent pas ou plus : les écologistes et les économistes, les ONG et les entrepreneurs, les politiques et les citoyens. En somme, le combat de notre association qui fête ses 50 ans : Entreprise et Progrès !
Marion DARRIEUTORT, Présidente de The Arcane, et Antoine LEMARCHAND, Directeur Général de Nature & Découvertes,
Co-Présidents d’Entreprise & Progrès.
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