Quel leader pour un progrès responsable dans le monde ?
L’Europe, vieux continent, visait l’harmonisation et la cohésion économique et sociale entre ses États membres et ses régions. Cependant on assiste à une crise de confiance manifeste des citoyens envers l’Union et à une perte de l’enthousiasme qu’elle suscitait autrefois. Le projet européen, avec sa vision du progrès différente, se retrouve coincé entre l’innovation américaine […]
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L’Europe, vieux continent, visait l’harmonisation et la cohésion économique et sociale entre ses États membres et ses régions. Cependant on assiste à une crise de confiance manifeste des citoyens envers l’Union et à une perte de l’enthousiasme qu’elle suscitait autrefois.
Le projet européen, avec sa vision du progrès différente, se retrouve coincé entre l’innovation américaine et l’empire chinois.
Comment dans ce cadre prendre sa juste place et favoriser un modèle économique autour de valeurs de solidarité, d’universalité et redevenir un moteur de progrès, d’espoir et d’innovation ? Quelle gouvernance et quel leadership pour porter et partager ces valeurs au reste des grandes puissances ? Quel rôle des entreprises financières européennes dans ce projet, et en quoi le made in Europe se différencie des autres continents ?
Retour sur ce quatrième et dernier atelier de notre chantier sur le progrès, intitulé “Quel leader pour un progrès responsable dans le monde ?”, au cours duquel Isabelle Combarel, Head of ESG chez Swen Capital Partners, et William Lebedel, fondateur de BlueRep et président de Friendship France, nous apporterons leurs éclairages, accompagnés de Bertrand Blanpain, président du directoire d’Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels.
Une gouvernance humaniste portée par des leaders incarnant du sens
A partir de la moitié du 20e siècle, progressivement se sont confondues innovation technologique et progrès humain. Or nous nous sommes rendu compte qu’il pouvait y avoir un progrès irresponsable. La première étape se loge donc déjà dans la mise en place d’un progrès responsable, et humaniste. Et cela n’est possible qu’avec des leaders éveillés, possédant une capacité d’adaptation et une vision vers un avenir soutenable et meilleur.
Nous sommes passés du leadership statutaire de l’après-guerre, planifiant les ressources, au leadership de la compétence des 30 glorieuses, différenciant les produits. Désormais nous avons atteint l’ère du leadership par le sens. La compétence ne suffit plus, et les challenges auxquels font face les leaders sont énormes. On ne peut donc plus être seul face aux défis contemporains, faisant de l’élitisme une notion obsolète : un leader doit embarquer par le sens et le collectif.
Quelles qualités pour un leader responsable ?
Pour porter un progrès responsable, un leader doit avoir une vision, et incarner le sens. Cela signifie considérer un intérêt supérieur au sien, et porter un objectif commun qui mobilise. C’est un changement de paradigme : le profit n’est plus la finalité, c’est un moyen. Cette idée demande donc une probable révision de son modèle d’affaires…
Une capacité à collaborer, et à avoir de l’authenticité est clé : penser à son impact personnel et être aligné individuellement avec le projet collectif. On peut donc dire que l’entreprise de demain sera collaborative, et alignera les convictions individuelles au projet d’entreprise.
Dépasser la performance financière, et donc se former sur ces enjeux extra financiers est très important pour les dirigeants, afin de ramener l’humain au cœur de l’entreprise.
“Un leader éclairé doit se mettre dans l’ombre !” William Lebedel
Prendre en compte les enjeux extra financiers dans sa gouvernance
Les critères ESG (Environnement Social Gouvernance) peuvent avoir un impact sur la progression et les parties prenantes de l’entreprise. Les mettre au cœur du modèle économique de l’entreprise est un bon axe de différenciation et de progrès. Au niveau européen, cela implique un leadership sur les enjeux de durabilité, au-delà du simple aspect financier, et de fait une vision sur du temps long.
Aujourd’hui un leader est confronté à une pluralité de visions, un métier plus sophistiqué, complexe, qui nécessite de la collaboration. Un métier ouvert sur le monde, et impliquant une notion de fierté de contribuer à une responsabilité collective. Dans ce cadre, la performance financière est certes un prérequis, mais il est nécessaire d’aller chercher au-delà, et comprendre qu’intégrer les enjeux sociétaux ne détériore pas la performance financière. L’aspect extra financier est aussi générateur de valeur.
« Nous avons vu monter les sujets extra financiers dans les entreprises. Ils sont aujourd’hui mis au cœur du modèle économique des entreprises qui en font un axe de différenciation, un axe de progrès. » Isabelle Combarel
Un changement de leadership qui commence à prendre forme
Dans un contexte réglementaire incitatif pour intégrer ces enjeux, on voit apparaître des acteurs mobilisés, et on peut observer dès la création d’une entreprise une ambition qui dépassent le seul profit et le périmètre économique. L’intégration des enjeux environnementaux et sociaux se fait dès le départ, et les interlocuteurs changent également.
La volonté des bailleurs de fond de flécher leur argent et leurs investissements vers des acteurs plus responsables est une tendance qui s’accroît. On observe des modèles économiques évoluer pour être moins dépendant des énergies fossiles.
Si l’on observe une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, les acteurs européen doivent maintenant valoriser leurs standards au niveau mondial car ces réglementations environnementales et sociétales sont nécessaires, et la coopération l’est également.
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