Le défi de l’entreprise fraternelle

Comment favoriser la réconciliation sociale ?

Entreprise et Progrès a cherché des moyens de favoriser la réconciliation sociale. Partant du constat d’une méfiance généralisée envers les institutions telles que les ONG, les médias et les gouvernements, nous avons identifié l’entreprise comme un espace préservé où la confiance persiste. Cette confiance interne peut être le socle sur lequel rebâtir une société plus fraternelle.

Entreprise et Fraternité : un oxymore à explorer

Le concept de fraternité au sein de l’entreprise semble paradoxal à première vue. Pourtant, en explorant cette notion au sein de notre triptyque républicain (« liberté, égalité, fraternité »), il devient clair que la fraternité est le ciment social souvent négligé. Notre think tank pose ainsi une question essentielle : comment réconcilier l’entreprise avec la fraternité ?

Après avoir étudié plusieurs définitions de la fraternité, nous avons retenu un seul mot : le lien. Il faut travailler le lien.

Une méthodologie d’intelligence collective

Lors de 3 ateliers, nous avons réparti les membres de notre think tank en petits groupes d’une dizaine de personnes pour réfléchir aux notions associées à cette fraternité. Ces ateliers de réflexion ont donné lieu à des échanges constructifs, des partages de bonnes pratiques, dans une volonté collective de repenser la logique d’entreprise.

Les trois dimensions de l’Entreprise Fraternelle

Ces réflexions nous ont aidé à déterminer les trois dimensions de l’entreprise fraternelle. Une entreprise peut être fraternelle si elle est ouverte, altruiste et politique.

1. Une entreprise plus altruiste

Une entreprise altruiste est l’inverse d’une entreprise égoïste. Pour travailler le lien, une entreprise peut par exemple ouvrir ses formations à l’ensemble de la famille de son collaborateur, comme elle le fait pour les mutuelles.
Une autre façon d’être altruiste pour une entreprise est non pas de payer quand il faut payer mais de payer plus vite. La survie des fournisseurs peut être en jeu.

2. Une entreprise plus politique

Une entreprise doit être politique parce qu’elle s’insère dans un tissu social. L’entreprise fraternelle se positionne politiquement en localisant ses bénéfices là où elle opère. Le recours au management fees pour délocaliser les profits dans des pays avec une fiscalité plus douce est parfaitement légal. Cependant, ce n’est ni politiquement positif, ni fraternel.

Un autre exemple ? Le référendum d’initiative salariée repose sur la simple idée que, sur les thèmes sociétaux, l’avis d’un dirigeant a le même poids que l’avis de n’importe quel collaborateur.

3. Une entreprise plus ouverte

Si une entreprise veut travailler le lien, elle doit travailler l’ouverture. Nous avons formulé deux propositions qui peuvent paraître utopiques. Mais pourquoi les innovations ne seraient-elles pas toutes ouvertes, librement accessibles ? Nous sommes même allés plus loin en proposant d’intégrer dans les Comex des personnes indépendantes et extérieures. Les parties prenantes pourraient alors comprendre aussi la partie opérationnelle de l’entreprise, pas seulement les organes stratégiques (Conseil d’administration). En mettant un peu de nature dans un Comex, les mentalités pourraient évoluer plus rapidement.

La fraternité en entreprise n’est pas seulement un idéal à atteindre, mais un chemin à parcourir pour une société plus équilibrée et solidaire. Cette notion de fraternité force la réflexion pour interroger les fondamentaux de l’entreprise.

Notre étude « L’entreprise fraternelle, au cœur de la réconciliation sociale »