Une plateforme responsable, c’est possible !

Les acteurs de l’économie du partage font désormais partie intégrante de l’économie structurée, obligeant les acteurs traditionnels à se réinventer. Cette « économie de plateforme » valorise l’intermédiation entre l’offre et la demande, au bon endroit, au bon moment, au bon prix. Mais quelle place fait-elle aux hommes et aux femmes qui travaillent ? Que sont réellement […]

Les acteurs de l’économie du partage font désormais partie intégrante de l’économie structurée, obligeant les acteurs traditionnels à se réinventer. Cette « économie de plateforme » valorise l’intermédiation entre l’offre et la demande, au bon endroit, au bon moment, au bon prix. Mais quelle place fait-elle aux hommes et aux femmes qui travaillent ? Que sont réellement les plateformes ? Comment redonner du pouvoir aux indépendants ? Ce chantier qui démarrera en septembre 2018 n’éludera aucune question.

Les plateformes : un sujet d’actualité et un modèle performant

Le succès des plateformes est considérable. Elles dominent aujourd’hui le capitalisme mondial -sept des dix premières capitalisations boursières sont des plateformes – et en ont exclu les leaders historiques (compagnies pétrolières, conglomérats industriels, banques, …).

Elles revendiquent des positions concurrentielles quasi inexpugnables, sur des marchés en constante réinvention, avec des centaines de million, voire des milliards d’utilisateurs quasi-quotidiens de leurs services – qu’il s’agit d’activer, satisfaire, engager, fidéliser et multi-équiper.

Ces entreprises orchestratrices d’effet réseau génèrent plus de croissance et de valeur que celles qui s’appuient sur des actifs physiques ou des volumes importants de salariés pour produire des biens ou rendre des services.

Un modèle simple mais puissant

Une plateforme est un intermédiaire qui opère un marché comportant plusieurs versants – biface lorsqu’il a deux versants et multi-face lorsqu’il en a plus de deux. Elle fournit des services ou des produits à des groupes d’utilisateurs sur chaque versant du marché qui valorisent le niveau de participation des utilisateurs sur l’autre face (l’effet réseau). Il n’y a plus de clients ou de fournisseurs mais des utilisateurs, et les économies d’échelle sont fonction du nombre d’utilisateurs (et non liées aux volumes produits, contrairement aux modèles classiques).

Une plateforme organise l’intermédiation et l’infomédiation en captant les données des utilisateurs et en les valorisant grâce à des outils et des algorithmes d’appariement (matching) qui facilitent la rencontre de l’offre et de la demande. Elle attire les utilisateurs en réduisant leurs coûts de transaction ou en optimisant la valeur de ces transactions et leur permet d’augmenter leurs volumes contre de la marge.

Elle fait croître la valeur globale d’un marché en agissant en permanence sur l’offre et la demande qui sont en co-évolution et en co-invention permanentes avec les utilisateurs.

De nombreux secteurs d’activités matures reposent déjà sur des modèles de plateformes : les marchés (qu’ils soient physiques ou virtuels), les médias, les sites de rencontre, les agences immobilières, les jeux vidéo… mais tous les secteurs peuvent être concernés à un moment donné ou à un autre.

La question centrale du partage de la valeur

Pour être de telles réussites, il est indéniable que les plateformes créent de la valeur.Pour qu’elles s’amorcent et fonctionnent, les plateformes génèrent de la confiance et partagent de la valeur avec tous les utilisateurs – et les plateformes visibles sont celles qui ont réussi sur ces deux aspects. Dans leurs phases de démarrage, elles ajustent ainsi en permanence leur modèle économique, selon la face du marché à privilégier ou celle la moins sensible au prix.

Pour autant, une fois l’effet réseaux atteint et l’investissement de départ réalisé, l’activité de la plateforme a sa propre auto-motricité, les utilisateurs appelant d’autres utilisateurs. À un certain stade, les plateformes peuvent prendre le pouvoir sur un marché. Elles en captent l’essentiel de sa valeur, imposent leurs conditions aux utilisateurs et s’installent dans des situations de rente. Les perspectives de rentabilité sont alors exponentielles, les coûts marginaux étant très faibles, et les utilisateurs verrouillés.

Mais les plateformes génèrent également une valeur induite difficilement mesurable. Elle s’appuient sur des agents économiques externes pour créer de la valeur pour elle-même mais également pour eux et plus généralement pour les écosystèmes économiques, sociaux, sociétaux, environnementaux : l’industrie des développeurs d’application pour iPhone a permis de créer plus de 600 000 emplois, supérieur aux près de 400 000 de l’industrie de l’entertainment à Hollywood, la facilité de la mise en relation permet le développement de nouvelles formes d’emplois non salarié, les réseaux sociaux sont créateurs de liens sociaux, les plateformes de partage contribuent à saturer l’utilisation de certains actifs, parfois de leur donner une seconde vie, et de limiter certains impacts environnementaux.  Le co-voiturage va par exemple permettre de diviser l’emprunte COpar le nombre de passagers…

Les plateformes sont donc des acteurs économiques paradoxaux. Elles produisent de la valeur avec très peu d’actifs matériels, sans transformer des matières premières pour produire des biens, sans directement produire du contenu et en s’appuyant, au regard de leurs revenus, sur peu de ressources humaines internes.

Ateliers du chantier

Que sont les plateformes ?

Enjeux de cette nouvelle cellule économique, nouveau mode d’organisation. Rapport au travail, modes de rémunération. Liberté ou esclavage ? Que peuvent les algorithmes ? Quelles plateformes dans le futur ? Quand les plateformes pivotent.  Est ce que la plateforme va durer longtemps,  est-elle un modèle pérenne ? Comment illustre-t-on la réalité des plateforme aujourd’hui ?
Intervenant : Denis Jacquet (Président de l’Observatoire de l’Ubérisation)

Une hybridation du travail de plus en plus rapide

Respect des conditions du travail, respect de la valeur du travail. La plateforme optimise son exploitation pour produire à coût marginal nul quand la masse critique est atteinte. Risque d’asservissement de l’homme par la machine, par les algorithmes : perte de repères sur le dessein. Réadaptation du contrat de travail, à la croisée du salariat et du travailleur indépendant. Fin du CI ? Quel équilibre entre la sécurité du travail et l’automatisation du travail ? Précarité du travail, perte de dialogue social, diminution de la sécurité. Des métiers se créent et disparaissent plus vite. Les slashers.  Quel futur du travail ? Taylor puis robot puis IA. Burn out : perte de l’identité
Intervenants : Bruno Teboul (philosophe, Senior Vice President Science & Innovation du Groupe Keyrus, professeur à Polytechnique), et Jean-Philippe Desbiolles (Vice-président d’IBM Watson France)

La plateforme, une révolution de la confiance qui s’exporte

Les passagers de Blablacar font plus confiance à un conducteur de Blablacar qu’à leur voisin. La valeur confiance est au centre des échanges peer to peer. Est-ce que la confiance s’exporte? Est-ce que la confiance à l’américaine et la même que la confiance à la russe ou la française ? Quelle matérialisation de la confiance ? La blockchain, cyber sécurité peer to peer pour n’importe quelle transaction ou base de données : la révolution de la confiance.

Intervenant :Sébastien Badault (directeur général d’Alibaba France) 

Quel partage de la valeur avec les indépendants ?

Quelle valeur pour le travail, pour le capital et pour le temps (libre) ?  Que devient le triptyque salaire, capital, temps dans l’économie de plateforme ? Le temps comme valeur clé du futur. Si la charge de travail humaine devient inférieure à la capacité de produire de l’humanité, comment sécuriser la subsistance des individus ? Le revenu universel comme outil de sécurité ?L’importance de la valeur pouvoir. Comment rééquilibrer le pouvoir des plateformes vers les indépendants  ? La plateforme coopérative comme évolutions des plateformes actuelles pour partager le travail et le pouvoir de décider. Si le pouvoir permet de décider, quelle est la valeur de la décision ? Celui de porter la responsabilité du succès ou de l’échec. Exemple de partage de la valeur : Juno, plateforme de VTC aux USA, a ouvert 50 % de son capital aux chauffeurs : l’éthique et la moral comme catalyseur du partage du capital. Les GAFA symboles de l’anti partage de la valeur. À qui profite la désintermédiation ?

Intervenants : Sylvie Joseph (Secrétaire Fédérale CFDT-F3C en charge du numérique et des cadres et cadre supérieur à La Poste), Henri Isaac (Maître de conférences et chercheur à l’Université Paris Dauphine, Président du think-tank Renaissance Numérique) et Arthur Millerand (Associé fondateur de Parallel Avocats, cabinet spécialisé dans le numérique et les plateformes) 

La plateforme produit de la valeur environnementale et responsable

L’économie de plateforme est l’économie de l’optimisation des actifs existants. Partage, principe de circularité. Appliqués à la production et à l’usage des biens, ils permettent de limiter la surproduction,  de limiter l’impact environnemental, d’améliorer l’emploi des ressources. L’entreprise plateforme renoue avec l’environnement mais pas forcément avec le pouvoir d’achat . Réelle conscience ou conséquence fortuite ?

Intervenante: Élisabeth Laville (fondatrice et directrice d’Utopies) 

Le casse tête de l’imposition des plateformes

La plateforme échappe à l’impôt et la fiscalité (Uber..), mais certaines plateformes participent à la collecte des taxes (Airbnb sur la taxe de séjour). Les GAFA sont ils invulnérables à l’impôt ? L’État doit devenir correcteur des inégalités. Quel axiomatique pour le “vivre ensemble” ? L’intérêt général ou l’individu ?

Intervenants : Christian Nouel (Associé au sein du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel) et Vincent Drézet (Secrétaire national du syndicat Solidaires Finances publiques)

Le président du chantier

Yanis Kiansky est co-fondateur et Président d’Allocab, classé 7e dans le top 10 des Champions de la Croissance 2018

Livre « La responsabilité : un défi pour les plateformes »

livre_plateformes

Les grandes plateformes numériques n’ont pas bonne réputation : manipulation de données, exploitation des travailleurs indépendants, toute puissance du client tyran, malhonnêteté fiscale…. Irresponsables les plateformes ?
Ce n’est pas une fatalité, répondent trente dirigeants d’Entreprise et Progrès. Une plateforme peut prétendre à la responsabilité sociale, sociétale et environnementale.

Dans ce livre rédigé à l’issue du chantier, découvrez nos pistes d’action.


Télécharger « La responsabilité : un défi pour les plateformes »