Nouveaux modèles de croissance : faut-il réinventer le capitalisme ?

Comment appréhender de nouveaux modèles de croissance ? Comment mesurer la valeur au regard des différentes crises actuelles, et quels types d’indicateurs choisir pour cette nouvelle croissance ? Quels types de nouveaux modèles économiques peuvent être réalistes ? À l’occasion de ce deuxième atelier de notre chantier de réflexion autour de la croissance du 21 […]

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Comment appréhender de nouveaux modèles de croissance ? Comment mesurer la valeur au regard des différentes crises actuelles, et quels types d’indicateurs choisir pour cette nouvelle croissance ? Quels types de nouveaux modèles économiques peuvent être réalistes ?

À l’occasion de ce deuxième atelier de notre chantier de réflexion autour de la croissance du 21 septembre 2022, et suite au premier atelier, nous allons dans le concret pour savoir comment agissent les dirigeants et les entreprises pour inventer des modèles plus vertueux. Pour nous éclairer, une coopérative et une jeune entreprise à mission ont apporté leurs témoignages avec Dominique Schelcher, directeur général de Système U, et Thibault Lamarque, fondateur et président de Castalie. Un entretien animé par Benjamin Zimmer, CEO de Silver Alliance, et Albane Liger-Belair, directrice de l’innovation chez KPMG France.

Un regard différent sur la valeur de la croissance 

Ce n’est un secret pour personne, des crises majeures restent à venir, à commencer par celle de l’énergie. L’urgence absolue est de trouver des solutions et de s’adapter, pour que la croissance telle que nous la connaissons devienne plus sobre. Cela commence par un changement de regard sur sa chaîne de valeur, afin d’intégrer tous les maillons. Dans l’agro-alimentaire par exemple, le travail agricole doit être remis à sa juste valeur car la course au prix bas a fait oublier la juste valeur des choses. 

Ces crises incitent à porter un regard différent, à revenir à l’essentiel et au principe de sobriété. Elles incitent également à lutter contre le gaspillage à toutes les étapes, puis à propager ces bonnes pratiques sur tout le marché. Nous tendons vers la fin d’un modèle de la grande distribution, qui ne sera plus possible dans un monde aux ressources de plus en plus limitées. Le modèle économique de demain sera focalisé sur la réduction du gaspillage, la réduction de la production et l’utilisation réduite des ressources. Les boucles d’économie circulaire et les nouvelles opportunités économiques pourront alors se développer.. 

Intégrer de nouveaux modèles économiques réalistes et sobres

Si limiter ses impacts est crucial, ce que l’on nomme l’économie de recontribution ou régénérative est complexe. Comment redistribuer la valeur ? Avant toute chose il est nécessaire de sortir du mode de vie débridé, et commencer à réduire. Parler d’usage plutôt que de propriété est novateur, et montre qu’une autre croissance est possible, une croissance du partage, une croissance circulaire, de la seconde main, de l’occasion. Des usages différents feront naître de nouvelles entreprises, et des “licornes sobres” pourront émerger, en priorisant non pas l’impact financier mais l’impact environnemental et sociétal. 

Le modèle “disruptif” d’il y a 10 ans a laissé sa place au modèle “à impact” d’aujourd’hui qui doit maintenant devenir le modèle “de sobriété”.

Les modèles coopératifs sont aussi une piste de résilience, car l’intégration de toutes les parties prenantes et la gouvernance représentative au sein de l’entreprise renforcent leur adaptation, en contractualisant de manière juste la valeur. Le modèle coopératif se base sur la manière de convaincre, et non de contraindre. 

Le rôle de l’Etat dans cet objectif est central, afin de cadrer cette transformation, de la planifier pour massivement organiser cela. La science doit ainsi conseiller l’État, qui ensuite doit trancher en termes politiques. 

Sobriété, rationnement : innover pour mieux gérer

Faire émerger une nouvelle croissance bien sûr. La mesure, encore plus sûr ! Les entreprises doivent se porter en particulier sur des critères RSE, et des critères de durabilité (le nombre de boucles circulaires, la réduction et l’évitement d’impacts négatifs, etc.), tout en incluant les investisseurs. Si face à des contraintes énergétiques ou climatiques les entreprises se rationnent elles-mêmes, il faut accompagner le mouvement pour régler la chaîne différemment. On peut donc parler de rationnement intelligent, qui questionne la valeur des choses et la priorisation de l’intérêt général. 

Pour changer de paradigme, l’innovation est de mise car nous n’avons pas d’autres choix que de nous réinventer, décloisonner et inventer de nouvelles pratiques, basée sur la coopération, la redistribution.

C’est aussi tout un récit, et des imaginaires à reconstruire afin de rendre ces perspectives désirables. Rendez-vous en octobre pour le 3e atelier, pour décrypter les modèles économiques reconnectés au vivant !