Sulseia

Isabelle Jenny, fondatrice de Sulseia : « Le Progrès devrait être la raison d’être de toutes les entreprises »

  • Interview

Que représente Entreprise et Progrès pour Sulseia ?

Rejoindre Entreprise et Progrès a été naturel. Face aux enjeux de société actuels, nous pouvons faire bouger les lignes en réfléchissant ensemble. Notre think tank offre une dimension prospective importante. Après avoir travaillé sur les risques pendant 18 ans, je sais combien il est important de réfléchir aux risques actuels bien sûr, mais aussi aux risques émergents.

J’ai adoré l’accueil reçu, les sujets évoqués, les thèmes abordés et l’inclusivité de la structure : Entreprise et Progrès accueille tout type de sociétés, ce qui participe à la richesse du think tank.

D’un point de vue plus personnel, j’ai lu il y a 2 ans un article sur Marion Darrieutort qui partageait sa pratique de la pleine conscience. Une femme dirigeante qui ose en parler, cela m’a interpelée. Marion incarne le progrès. Quand elle a été élue présidente d’Entreprise et Progrès en mai 2022, mon intuition me disait de le rejoindre.

Quelle est la mission de Sulseia ?

Sulseia a pour mission d’accompagner les dirigeants et les entreprises dans leurs transformations face à l’un des enjeux de la société qu’est la transition écologique et la préservation de la planète.

La RSE est complètement dépassée !

Les évolutions réglementaires actuelles aident à faire bouger les entreprises et tant mieux. Mais l’enjeu actuel n’est pas la seule conformité à des règles. Il nous faut générer des impacts positifs pour toutes les parties prenantes, y compris la planète, ou encore mieux, développer une économie régénératrice.

J’ai créé Sulseia pour créer des prises de conscience et des mises en mouvements auprès des dirigeants et de leurs équipes face à ces enjeux écologiques car j’ai comme conviction profonde que la performance des entreprises ne peut s’inscrire que dans la mise en mouvement d’un cercle vertueux entre l’individu, l’entreprise et la planète.

Je me retrouve assez bien dans la théorie du donut de Kate Raworth : il est primordial que les entreprises tiennent compte maintenant dans leur développement, des besoins essentiels de la société sans impacter les limites planétaires.

Au final, la mission de Sulseia est d’accompagner les entreprises dans leur transformation individuelle, collective et organisationnelle face à tous les enjeux écologiques. La baseline du Sulseia témoigne de cette approche : Leading CEOs and organisations towards more impact for themselves and the planet.

Comment Sulseia favorise le Progrès en entreprise ? 

Souvent les entreprises sont sensibles aux sujets environnementaux mais pensent qu’elles ne peuvent pas agir. Il faut alors les débloquer.

Le facteur clef de succès de la transformation des entreprises est celle des dirigeants, puis une fois eux-mêmes convaincus, l’enjeu est de mobiliser leurs équipes.

Sulseia crée des prises de conscience et des mises en mouvement de différentes façons. Cela va de l’accompagnement personnel d’un dirigeant, d’un Comex, au conseil en changement de business model, avec comme fil conducteur le déploiement d’un Green Leadership au sein de l’équipe dirigeante (ce que j’appelle aussi leadership régénératif).

En plus de cette activité, j’anime des ateliers de la fresque du climat et de l’atelier 2 tonnes.

Forte de mes expériences en risk management et RSE, je pousse aussi ces sujets au niveau des conseil d’administration ou de surveillance des entreprises ; j’ai actuellement plusieurs mandats d’administrateur indépendant (board member) dans des startups.

Quelle est votre définition du Progrès ? 

Le progrès est pour moi une évolution vers quelque chose de différent du point de départ, ayant un impact positif : il doit représenter une amélioration pour soi, pour les autres ou pour le système. Mais parfois ce que l’on pense être un progrès ne l’est pas pour tous car il a des effets collatéraux et des impacts négatifs sur une partie du système. D’où l’importance d’être vigilant quand on travaille sur cette notion de progrès.

Personnellement, le fait d’avoir travaillé ces dernières années sur les risques m’amène à avoir systématiquement une analyse fine des impacts éventuels du projet, de l’action ou de la décision, sur les différentes parties prenantes du système, y compris la nature.

En tout cas, ce dont je suis convaincue, c’est que le progrès devrait être la raison d’être de toutes les entreprises.

Quelle est votre vision de l’entreprise ? 

Chez Sulseia, nous abordons l’entreprise comme un système vivant, non seulement de par les individus qui la composent et avec lesquels elle interagit en amont et en aval de sa chaîne de valeur, mais aussi de par l’environnement auquel elle est connectée, la terre sur laquelle elle est implantée et dans laquelle elle puise pour produire son activité, sans compter son développement calqué sur le fonctionnement des êtres vivants et des écosystèmes naturels.

Pour accompagner les dirigeants et leurs équipes dans leur transformation face à leurs enjeux écologiques (personnels, relationnels, environnementaux), nous nous inspirons fortement des principes du vivant qui animent l’évolution des écosystèmes naturels, et une des approches retenues est le régénératif.

Appliqué au leadership, c’est pour un dirigeant, l’enjeu de piloter son entreprise en (re)définissant un cap, un sens, une raison d’être, en gardant à l’esprit le « pour quoi » il développe le business, en tenant compte ainsi de l’impact de son management et des activités de son entreprise sur l’environnement et la société au-delà de sa seule performance financière, et « en guidant » ses équipes vers ce cap plus qu’« en les dirigeant ».

Ainsi, pour amener les entreprises à générer des impacts positifs pour l’ensemble de ses parties prenantes (y compris la planète) au-delà de la seule diminution de ses impacts négatifs (ce que vise l’approche régénérative), la transformation intérieure des dirigeants est clef ; ils doivent avoir cette conviction que nous appartenons tous au vivant, y compris leur entreprise.

Que vous inspire l’Entreprise Fraternelle ?

Quand je pense à l’entreprise fraternelle, je pense à une famille, aux liens qui unissent les membres d’une famille, avec des valeurs communes que chacun de ces membres incarne, l’écoute, la présence, le respect, l’authenticité, la transparence, la tolérance, l’absence de tabous. Chacun doit pouvoir être soi-même, s’exprimer librement et non dans un rôle attribué arbitrairement.

La gouvernance est donc représentée par les « parents » de la famille qui doivent être exemplaires et guider les autres membres. Le leadership régénératif a toute sa place dans une Entreprise Fraternelle.