Rachel Milutinovic : « Le progrès, c’est oser voir les enjeux ESG comme une opportunité de créer une valeur durable. »

Plongez au cœur de l’évolution des entreprises avec Rachel Milutinovic, fondatrice du cabinet de conseils Eagle Consulting. La transformation business liée à la transformation culturelle des entreprises est au centre de sa vision. Dans cette interview, elle partage ses idées sur le progrès, sur l’humain au premier plan et explore le concept d’entreprise fraternelle.

  • Interview

 

Que représente Entreprise et Progrès pour vous ?

Entreprise et Progrès a toujours été présent dans mon environnement professionnel.

En effet, je collaborais avec Vincent Prolongeau, lorsque j’étais Global CMO Tropicana chez PepsiCo, quand il a pris la présidence du think tank, en 2009. Plus tard, chez Danone, j’ai partagé le double projet d’Antoine Riboud, sur la réconciliation nécessaire entre la performance économique d’une entreprise et sa responsabilité sociale et environnementale.

De plus, Entreprise et Progrès incarne bien la notion d’intelligence collective qui m’est très chère. Les nombreux enjeux des entreprises nécessitent de réunir des personnes qui ont envie de travailler ensemble et agir pour :

  • Promouvoir un futur positif et désirable pour les entreprises,
  • Concilier enjeux économiques, sociétaux et environnementaux,
  • Mettre l’humain au cœur du changement.

Nous devons faire le pari fou que l’économie peut être au service de la société et de l’environnement. Participer aux ateliers proposés par Entreprise et Progrès est une formidable source d’inspiration. On en ressort avec des idées concrètes, des pistes d’action et des outils comme le Business Re-Model Canvas, ou encore 10 recommandations pour mettre l’entreprise sur la voie de l’impact.

 

Quelle est la mission d’Eagle Consulting ?

Eagle Consulting est un cabinet de conseil en stratégie business et ESG, au service de la création de valeur.

Notre mission est d’accompagner les équipes dirigeantes, pour les aider à intégrer les enjeux ESG au sein des stratégies business, afin de créer une valeur durable.

Dans ma carrière, j’ai souvent été confrontée aux injonctions paradoxales qui opposaient la performance économique et les enjeux de durabilité, d’impacts. Il ne faut pas traiter les deux sujets en silos, mais mettre l’un au service de l’autre.

La vision doit permettre de mener la transformation.

Le point de départ est de la définition de la raison d’être de l’entreprise, et la notion de Contribution Utile® de celle-ci. Quelle est la contribution de l’entreprise sur les plans économique, social et environnemental ? Quels sont les impacts positifs ? Cela permet de revisiter, ensuite, la chaîne de valeur et le business modèle de l’entreprise, et d’en tirer des plans d’actions concrets.

Par exemple, le travail réalisé récemment sur la Contribution utile® d’un acteur de l’agro-alimentaire, a permis d’identifier un plus grand nombre de parties prenantes de son écosystème, afin de redéfinir ses modes de collaboration, d’augmenter son impact et son rayonnement.

Intégrer la transformation culturelle

Pour répondre aux enjeux actuels, la seule réflexion sur nos business modèles n’est pas suffisante. Elle doit allier une approche de transformation culturelle, en reconsidérant notre façon de voir, de faire, en levant nos biais et nos réflexes, en interagissant différemment avec nos parties prenantes. Pour cela, une approche de co-création avec les équipes permet à chacun de trouver un sens individuel au service de la transformation collective, et de jouer un rôle d’agent du changement.

 

Qu’est-ce que le progrès selon vous ?

J’aime l’idée d’une nouvelle vision du progrès, qui serait d’oser intégrer les enjeux ESG dans nos stratégies business, non pas comme une contrainte, mais comme une opportunité de créer une valeur durable.

Il porterait ainsi sur la capacité de chacun à donner le meilleur de soi-même pour participer au bien-être collectif, y compris en dehors de l’entreprise. Il nous interroge sur le sens que l’on donne à son action individuelle ou collective et notre capacité à trouver des solutions pour faire grandir nos impacts positifs.

Le progrès peut passer par l’innovation, ou l’absence d’innovation, mais toujours dans le but d’améliorer le bien-être de l’ensemble de ses parties prenantes. Un progrès guidé par le sens et les impacts positifs, et non pas la recherche de profit individuel et court terme.

Le progrès questionne alors le rôle de l’entreprise dans la Société.

 

Comment Eagle Consulting favorise le progrès ?

Le progrès est favorisé à deux niveaux : tout d’abord en pariant sur l’intelligence collective, et, ensuite, en intégrant la dimension culturelle à nos enjeux de transformation business.

J’ai la conviction que le progrès ne peut se faire qu’en plaçant l’humain au cœur du projet d’entreprise pour permettre à chacun de faire émerger son plein potentiel et devenir un acteur du changement au sein d’un collectif porteur.

L’intelligence collective est ainsi favorisée à travers nos actions de recherche de « raison d’être » et de « raison d’agir » individuelles et collectives. J’ai, dans cette optique, complété mon expérience avec une certification de coach en Intelligence de Soi (Osiris Conseil).

Ensuite, le progrès est favorisé par notre combinaison de la transformation business et de la transformation culturelle des entreprises.

Notre approche repose sur 4 piliers tournés vers le progrès :

  • L’inspiration, la prospective pour se connecter à l’extérieur, capter les signaux faibles et se projeter dans l’avenir ;
  • Le cadrage stratégique du business, des marques et de la culture d’entreprise pour trouver des pistes de progrès ;
  • La création de valeur et d’engagement, au travers de plans d’action concrets.
  • L’accompagnement individuel et collectif, pour que chacun soit embarqué dans l’élaboration du nouveau modèle d’entreprise.

 

Quelle est votre vision de l’entreprise ?

L’entreprise est un système qui est en train d’évoluer. Hier autocentrée sur son profit financier à court terme, elle est en train de s’ouvrir pour interagir avec son écosystème, apprendre à collaborer, pour jouer un rôle bien plus impactant dans la Société.

Je reste convaincue que l’entreprise est le moteur de changement par excellence. Elle catalyse les relations sociales, les réalisations individuelles et le développement de solutions concrètes.

Mais pour fonctionner, elle doit revoir ses critères de performance, passer du profit financier à l’ESG (Environnement, Social et Gouvernance) et définir sa vision et ses valeurs.

Si individuellement, les collaborateurs ne sont pas convaincus du changement qu’il faut opérer, même une direction extrêmement convaincue ne pourra agir. La réflexion collective est indispensable.

 

Que vous évoque nos réflexions actuelles sur l’entreprise fraternelle ?

La notion d’entreprise fraternelle peut paraître utopiste, mais ces valeurs de fraternité, de partage, de solidarité, d’être plus forts ensemble, de prendre soin des autres, etc., sont des valeurs que les entreprises doivent porter.

Il ne s’agit pas de philanthropie pour autant. Mais le rôle d’une entreprise est d’offrir un cadre aux collaborateurs au sein duquel ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes.

Je suis ravie d’investiguer cette voie de durabilité de l’entreprise dans le cadre du chantier d’Entreprise et Progrès.