Sylvie Borias : « Bel repose sur un modèle à deux jambes : profitabilité et durabilité »
À la tête de l’engagement et de la RSE du groupe Bel, notre vice présidente Sylvie Borias défend un modèle où performance économique et durabilité avancent main dans la main. Dans cette interview, elle revient sur la transformation de Bel en entreprise à mission, son alliance RSE/Finance et son engagement au sein d’Entreprise et Progrès.
- Interview

Sylvie, qui êtes-vous et qu’est-ce qui vous a conduit vers ce parcours dans l’engagement et la RSE au sein du groupe Bel ?
J’ai débuté ma carrière dans le marketing, et j’ai notamment eu le privilège d’accompagner au sein du Groupe Bel pendant de nombreuses années le développement de marques d’abord en France, puis à l’échelle européenne et internationale.
Travailler dans l’agroalimentaire, pour des marques et produits qui font partie du quotidien de millions de consommateurs, confronte très vite à une question centrale de responsabilité : comment bien nourrir le monde ? Par exemple, lorsque je travaillais pour La Vache Qui Rit, une marque distribuée dans plus de 120 pays, l’un des enjeux majeurs était de proposer une portion nutritionnellement adaptée aux besoins et habitudes locales, tout en restant accessible au plus grand nombre.
Progressivement, mon engagement et mes responsabilités se sont élargies à des enjeux d’impacts sociaux et environnementaux plus vastes, liés à la transition alimentaire et à la durabilité des chaînes de valeur. Dans un monde où l’agroalimentaire représente environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et contribue massivement à la déforestation et à la perte de biodiversité, il était évident pour moi que l’entreprise devait jouer un rôle pivot et je souhaitais y contribuer.
Aujourd’hui en tant que Directrice de l’Engagement et de la RSE, avec mes équipes, notre rôle est d’accompagner l’entreprise toute entière dans le déploiement de sa raison d’être : « en donnant accès à une alimentation plus saine et plus durable pour tous, nous œuvrons au développement d’un modèle alimentaire respectueux des ressources naturelles de la planète, qui bénéficie à l’ensemble de notre écosystème et qui nous permette ainsi d’agir pour les générations d’aujourd’hui et celles de demain »
C’est à la fois une fierté et une grande responsabilité, profondément ancrée dans l’ADN du groupe Bel.
Le groupe Bel est une entreprise à mission. Concrètement, qu’est-ce que cela change, et comment vous positionnez-vous comme un leader RSE dans l’industrie agroalimentaire ?
Cela fait depuis plus de vingt ans que la RSE est au cœur des activités de Bel. Nous avons été parmi les premières entreprises à répondre à l’appel du Global Compact des Nations Unies, et notre démarche s’est enrichie au fil du temps pour adresser l’ensemble de nos impacts sur toute notre chaîne de valeur, de l’amont agricole jusqu’au consommateur final.
Nous accompagnons et soutenons nos partenaires producteurs de lait et de fruits dans la transition vers des pratiques agricoles plus durables et régénératrices, nous agissons sur nos sites pour réduire drastiquement nos consommations d’eau et d’énergie, nous diversifions notre portefeuille de produits en lançant des offres végétales sous nos marques, tout en adaptant le profil nutritionnel de nos portions aux besoins des populations…
Les défis sont nombreux pour répondre aux enjeux d’une alimentation de qualité, décarbonée et accessible à tous.
Bel repose sur un modèle « à deux jambes » alliant profitabilité et durabilité. Nous croyons fermement que performance économique et RSE ne sont pas opposées mais complémentaires. Ce modèle guide nos actions et s’inscrit dans une vision de long terme, essentielle pour une entreprise familiale comme la nôtre.
Notre mission était déjà ancrée au cœur de notre stratégie. Devenir entreprise à mission a représenté pour nous l’an dernier une étape supplémentaire, dans la continuité de notre engagement historique.
Notre gouvernance s’est renforcée grâce à la création d’un comité de mission, composé de membres internes et d’experts externes. Ce comité nous accompagne, nous challenge, et nous aide à accélérer notre transformation au regard de nos enjeux prioritaires. Cela nous permet de consolider nos actions et d’affirmer notre engagement vis-à-vis de nos collaborateurs et de l’ensemble de notre écosystème. En somme, le passage à l’Entreprise à Mission était pour nous une étape de cohérence et de renforcement sur notre chemin de transformation durable.
Le mariage de la finance et de la responsabilité existe chez BEL, avec des équipes réunies au sein d’une fonction « Impact ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour piloter l’entreprise selon un modèle de performance globale, financière et extra-financière, les équipes RSE & Finance Bel sont en effet réunies au sein de la fonction « Impact ».
L’intégration des dimensions RSE au cœur de nos processus stratégiques et opérationnels permet à tous les niveaux de l’organisation de prendre des décisions en tenant compte simultanément des impératifs économiques et des enjeux environnementaux ou sociétaux. Cette approche assure une vision partagée et une cohérence dans nos actions, et nous permet de concilier le court terme de la performance économique et le temps nécessairement long de la transformation durable.
L’alliance RSE/Finance est un formidable atout de ce point de vue car nos expertises sont complémentaires et de facto, cela créée une solidarité et une co-responsabilité autour du déploiement opérationnel des engagements de l’entreprise.
Pourquoi le Groupe BEL a-t-il choisi de s’engager dans le think tank Entreprise et Progrès ? Qu’est-ce que vous lui apportez ?
Les engagements d’Entreprise et Progrès en faveur du progrès social résonnent fortement avec nos convictions et valeurs chez BEL. Nous partageons une vision commune autour des transitions sociales et environnementales, et cette alliance est naturelle.
À titre personnel, cet engagement m’apporte beaucoup d’inspiration et de partage avec d’autres dirigeants engagés. C’est un espace où des réflexions de fond sur des enjeux communs émergent, souvent avec des angles innovants ou décalés. Ce que j’apprécie particulièrement chez Entreprise et Progrès, c’est la capacité à maintenir un haut niveau d’exigence intellectuelle tout en restant profondément ancrés dans la réalité opérationnelle des entreprises. Dans les publications, l’importance accordée à la mise en action concrète des idées est évidente : passer de l’intention à l’action.
En tant qu’entreprise, chez Bel, nous restons humbles face à notre projet, mais je crois que ce que nous pouvons apporter, c’est notre expérience en tant qu’acteur pionnier. Nous travaillons depuis de nombreuses années à l’opérationnalisation de nos engagements. Chez Entreprise et Progrès, nous pouvons partager cette expérience, ce regard concret et ancré dans la réalité, avec des actions qui se traduisent en résultats tangibles.
Quelle est votre définition du progrès ?
Je pense que le progrès en entreprise est ce qui permet aux individus et au collectif d’avancer de manière équilibrée, en conciliant des avancées économiques, sociales et environnementales. C’est une vision multidimensionnelle qui correspond parfaitement à la philosophie d’Entreprise et Progrès.
En 2025, Entreprise et Progrès a décidé d’« entrer en résistance ». Vous portez ce nouveau projet avec deux autres membres du Comex. Pourquoi est-ce important d’entrer en résistance ?
Les tentations de retour en arrière et de conservatisme sont malheureusement en pleine expansion dans le contexte actuel. Les inquiétudes, bien légitimes, des dirigeants dans un monde où les crises se multiplient, conduisent certains à remettre en cause des fondements pourtant essentiels, autour des sujets d’engagements sociaux et environnementaux.
L’enjeu des entreprises est de maintenir une mobilisation forte et une certaine forme de résistance face à ces tendances au recul. Les entreprises doivent résister, s’adapter et continuer d’être des acteurs du changement, notamment dans un contexte d’instabilité politique et économique. Il est de notre rôle de think tank de rappeler que la transition écologique, le management humain ou encore la diversité et l’inclusion, ne sont pas uniquement des enjeux moraux mais également des leviers de performance, de résilience et de pérennité pour les entreprises.
Cela demande conviction, courage et une capacité à concilier le temps court, avec des contraintes immédiates, et le temps long, indispensable pour les investissements durables.
(Propos recueillis par Ariane Benard)
Rejoignez-nous le 3 octobre prochain pour notre débat engagé autour de la transition écologique avec Cécile Béliot, Directrice Générale de BEL et François Clément-Grandcourt, DG de la division Briquets du groupe BIC.
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